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...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
13 septembre 2019

Les jeunes quevillais-es ont lutté pour notre liberté. N'oublions pas leur sacrifice!

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Plus de 100 personnes ont répondu présent aux commémorations du maquis de Barneville le 31 août 2019: Charlotte Goujon, la maire de Petit-Quevilly et les élus municipaux, des élus du secteur, les anciens combattants, les corps constitués mais aussi les familles et des jeunes. Moment intense d'émotion quand Pierre JOUVIN, Combattant Volontaire de la Résistance, représentant de l'ANACR 76, comité de la région de Rouen retrace le sacrifice de cette jeunesse, essentiellement quevillaise pour notre liberté, aujourd'hui. La lucidité politique de Pierre nous invite à lire et relire ses conclusions pour une vigilance accrue. 

Voici le texte intégral de son message, lue par son arrière petite fille: Mesdames, Messieurs, Depuis de nombreuses années, j’ai l’honneur d’être invité par la Municipalité de Petit-Quevilly à prononcer quelques mots, pour commémorer le souvenir des combattants du Maquis de Barneville. Je m’acquitte de cette tâche cette année encore, par la voix de l’une de mes arrière petites-filles, car mon âge et mon état de santé ne me permettent désormais plus de m’adresser directement à vous. Et il est juste, et nécessaire, que le passage de témoin s’opère d’une génération à une autre.

J’ai connu un certain nombre des jeunes gens et jeunes filles, membres du groupe « Lorraine » qui appartenait au Détachement FTPF Jeanne d’Arc. Ils avaient été mes camarades d’école à Grand-Quevilly, leurs parents avaient milité  au Parti Communiste , à la CGT ou à l’Union des Femmes Françaises aux côtés des miens , parfois même nous avions travaillé chez les mêmes employeurs. Tous, nous avions des rêves et des projets pour notre vie d’adultes, que la guerre et l’occupation nazie sont venues fracasser. Et aucun d’entre nous n’avait le projet de subir les humiliations, les brimades et les restrictions en tous genres sans réagir :

Michel Croguennec, dans son livre paru en 2017, « 1943 le Maquis de Barneville » retrace précisément les origines et la composition du groupe de Francs-Tireurs et Partisans « Jeanne d’Arc » auquel sont rattachés les jeunes maquisards de Barneville :

Leurs dirigeants, tels André Duroméa, Albert Leroy ou Albert Lacour, se sont engagés très tôt dans la Résistance par conviction politique, ils étaient inscrits au Parti Communiste avant la guerre ; parmi les membres du groupe, certains sont venus , avec l’intention de se battre  pour venger les membres de leur entourage arrêtés, déportés ou tués: c’est le cas d’Achille Guizier, dont la sœur, résistante, a été déportée

Dans le groupe des derniers arrivés, les plus jeunes, tels les frères Séhy ou Robert Legros, sont des réfractaires au Service du Travail Obligatoire qui refusent de travailler pour le compte de l’industrie de guerre nazie, et décident de devenir clandestins.

Un dernier membre intègre le groupe de Barneville le 16 août : il s’agit de Rudolf Pfandlbauer, un caporal de la Wehrmacht qui a combattu sur le front de l’Est et qui a déserté pour rejoindre la Résistance Française à Paris. Exfiltré en Seine-Inférieure, il est accueilli au sein du groupe Lorraine. Il est l’un des seuls à avoir une réelle expérience du combat et des armes, la plupart n’ayant reçu aucune autre formation militaire que celle dispensée en hâte par les plus aguerris de leurs camarades.

Et malgré cela, sans formation sérieuse, n’ayant reçu ni armes ni explosifs, le groupe Lorraine fait parler de lui. Ils parviennent à s’armer eux-mêmes, aux dépens de l’ennemi, et passent à l’attaque : en neuf mois, entre novembre 1942 et août 1943, 36 actions contre les troupes d’occupation et leurs biens leur sont imputées :

  • Des Incendies de wagons de fourrage et de paille, indispensables pour nourrir les chevaux de l’armée  allemande ;
  • Des Attentats contre des soldats de la Wehrmacht, à Rouen et au Havre ; contre le policier français Louis Alie, collaborateur zélé de la Gestapo, et contre 3 policiers à Grand-Quevilly
  • Des vols d’armes, de voiture, de tickets de rationnement et de tampons officiels ;
  • Des sabotages de voies ferrées à Grand-Couronne, Gaillefontaine, Saint-Etienne-du-Rouvray, Tourville-la-Rivière, Manoir (Eure), Buchy-Mathonville, Préaux-Isneauville, Sotteville-sous-le-val ;
  • Des sabotages de transformateurs électriques à Grand-Couronne et à la Vaupalière ;
  • Des tentatives d’incendie aux ateliers SNCF, à Maromme
  • Des attaques de tramway transportant des soldats Allemands entre Rouen et Bonsecours, entre Rouen et Mont-Saint-Aignan ; 

Ces actions, menées sans relâche pendant  un court laps de temps, créent chez les troupes ennemies un état de tension et d’insécurité qui les contraint à rester sur la défensive en permanence : il est bien fini le temps où un séjour en Normandie pouvait passer pour un repos bien mérité après les campagnes de l’Est.

Le 24 août 1943, l’attaque en plein jour du centre de distribution de tickets de rationnement de Grand-Quevilly, sonne le glas du Maquis de Barneville.

A bord d’une voiture volée la veille à un commissaire de police, les maquisards ont réussi à voler des tickets d’alimentation et des tampons officiels ; après l'attaque, ils déposent Achille Guisier au Champ de Courses, et celui-ci monte dans le tramway pour Rouen. Mais il est reconnu par un témoin de l’attaque qui prévient la police. Guisier est arrêté après s’être défendu vaillamment contre 2 policiers et le chauffeur de tramway. Blessé, il est soumis à interrogatoire. Dès lors, les heures du maquis sont comptées. En fin d’après-midi, un convoi motorisé composé de Feldgendarmes, de policiers Allemands et Français et d’un Groupe Mobile de Réserve (force de police paramilitaire chargée de réprimer la Résistance) investit les environs de la grotte.

Très vite le combat s’engage. Rudolf Pfandlbauer et Albert Lacour sont tués et leurs camarades  faits prisonniers. La répression s’abat sur les survivants : Marcel Gilles, Jean-Baptiste Lepront, Christian Pivert, Marius Thébault et Roger Cavel sont déportés à Büchenwald , Guisier à Mauthausen. Leur chef, Dumont, est fusillé à Amiens.

Pendant que se déroulent ces évènements, en 1943, une situation nouvelle vient de se créer au sein de la Résistance Française : le rassemblement de tous les mouvements de Résistance, jusque là dispersés, en rivalité ou même opposés les uns aux autres, au sein d’une même structure : le CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE.  Le CNR regroupe pour la 1ère fois les partis politiques non compromis dans la collaboration, les mouvements de résistance, et les syndicats.

Le Conseil unanime, sous la présidence de Jean Moulin, reconnaît l’autorité du Comité Français de Libération Nationale et de son initiateur et président ; le Général de Gaulle. Désormais, la France va pouvoir parler d’une seule voix et imposer sa présence militaire sur tous les théâtres d’opérations. Elle retrouve sa souveraineté et va peser de tout son poids dans les relations internationales, notamment lors de la création de l’ONU, devenant membre du Conseil de Sécurité.

Le groupe Lorraine du Détachement Jeanne d’Arc a payé un très lourd tribut, mais les survivants  (Christian Sénard, Mireille Guillot, Paulette Lacour, …) continuent le combat jusqu’à la Libération.

Il est important de rappeler qu’une majorité de ces hommes et de ces femmes s’est battue à la fois contre le fascisme, mais aussi pour une société meilleure où ceux qui étaient au bas de l’échelle pouvaient aussi atteindre leur part de bonheur. Ces idées ont trouvé leur expression dans le programme du Conseil National de la Résistance appelé aussi « Les Jours Heureux ».

Il est appliqué à la Libération, dans le cadre d’un gouvernement national des partis et organisations issus de la Résistance et comporte un programme de profondes réformes sociales et économiques, qui inaugurent une avancée sociale sans précédent dont nous bénéficions encore, 75 ans après. Les concepteurs de ces avancées étaient guidés par la nécessité de défendre les droits économiques et sociaux, de combattre les inégalités et les idéologies fascistes, racistes et xénophobes, pour défendre la démocratie et la liberté.

De nos jours, ce combat est à nouveau de mise . La crise financière de 2008 a entraîné comme en 1929, un tourbillon de chômage et de  grande pauvreté. Il en résulte une classe moyenne désemparée que les promesses électorales non tenues ont écartée de la démocratie et qui devient une proie facile de tous les mouvements nationalistes et d’extrême droite, ou qui se réfugie dans l’abstention comme rejet du système.

C’est ainsi que nous voyons renaître sur ce terreau un antisémitisme décomplexé, que l’on s’en prend aux lieux de mémoire et que la violence de l’extrême-droite revient en force.

Si la mémoire des causes  de la guerre et de la répression vichyste et nazie est une des grandes tâches de nos associations, il faut rappeler aussi que l’on ne règlera pas les problèmes actuels sans rétablir un état-providence et un service public fort pour repousser la montée des populismes et des nationalismes d’extrême-droite. Sans créer les conditions d’un développement économique durable, solidaire et respectueux de l’environnement, qui ne fasse pas peser sur les générations futures les conséquences des décisions ou de l’absence de décision, prises aujourd’hui. Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.

 

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