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...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
23 octobre 2015

Solidarité avec les salariés et syndicalistes d' Air France

15-10-22_0

L'animateur de ce blog était le secrétaire général des cheminots de Rouen pendant la grève de l'hiver 95. J'ai connu avec mes camarades, des situations similaires de provocations et de ruses pour dévoyer le mouvement contre le plan Juppé et le démantèlement de la SNCF. S'en prendre aux syndicalistes comme on le voit à Air France, c'est revenir aux pires moments de notre Histoire. D'ailleurs, il est significatif que Sarkozy, "la marine", Valls et bien d'autres hurlent à l'unisson, avec le MEDEF, sur le focus que les médias aux ordres ont voulu donner. Et l'emploi, la dignité dans tout cela! Que l'on soit puissant ou misérable... AD 

Ce jeudi, les salariés d’Air France et leurs soutiens ont manifesté par millier devant l’Assemblée nationale et devant le CCE qui se déroulait, fait exceptionnel dans les beaux quartiers de Paris. Accueillis à "l’Humanité", Miguel Fortea, secrétaire général CGT de la compagnie aérienne et Mehdi Kemoun, porte-parole du syndicat ont pu enfin raconter leur version de l’affaire dite de «la chemise».

Le 5 octobre dernier, les chemises en lambeaux de deux cadres dirigeants d’Air France sont exhibées dans tous les médias. «Violence», «voyous», «irresponsables». Des syndicalistes sont la proie de la vindicte officielle. L’Humanité a offert à Miguel Fortea, secrétaire du syndicat CGT d’Air France, et Mehdi Kemoun, porte-parole du syndicat, de vous livrer une version des faits bien différente de celle entendue jusqu’alors.

«La veille du lundi 5 octobre, nous nous sommes rendus sur le parvis du lieu où devait se tenir le lendemain le comité central d’entreprise», relate Miguel Fortea. En présence des renseignements généraux, «nous sommes allés reconnaître les lieux, autrement dit le parvis où devaient se rassembler les salariés». Il n’était pas question de pénétrer dans le lieu de la réunion. «Mettez des CRS devant la porte, si vous voulez…», ont même concédé les syndicalistes. Il faut dire que la dernière fois, en 2012, que le CCE avait été envahi par les salariés, les médias n’avaient retenu que ce fait, occultant les questions de fond. «On s’était fait plaisir avec cette action, mais le plan Transform, on l’a avalé.» Et puis, ce CCE du 5 octobre devait être mis à profit pour le vote d’un droit d’alerte. Mieux valait qu’il ait lieu sans entrave. Le matin du 5, à 7 h 30, les mêmes responsables syndicaux découvrent que la grille est ouverte, laissant accès libre au parvis. Ils placent le fourgon de la CGT devant cette grille pour s’assurer qu’elle ne sera pas fermée et que les salariés en lutte pour l’emploi et l’avenir de la compagnie pourront se retrouver pacifiquement. Mais, une quinzaine de vigiles pénètrent alors dans le camion, desserrent le frein à main et déplacent le véhicule. Et la grille est fermée au nom de la sécurité. «Ils ont prétendu craindre un effondrement du parvis…» se souvient Mehdi Kemoun. «L’appel à rassemblement sur le parvis n’a jamais été contesté par écrit ni par les forces de l’ordre, ni par la direction», soulignent les deux hommes qui possèdent des images de ce petit matin-là.

La grille close signifiait : «on ne veut pas de vous dans l’entreprise»

Différents cortèges, encadrés, calmes, arrivent au siège depuis l’aéroport Charles-de-Gaulle et de diverses zones de travail des salariés d’Air France (fret, hôtesses, stewards et pilotes, etc.). Lorsqu’ils sont arrivés à destination, la grille fermée échauffe les esprits. «Les salariés font partie de l’entreprise. Et en gros, la grille close signifiait : on ne veut pas de vous dans l’entreprise.»

Pendant ce temps, Miguel est dans la salle du CCE en tant que représentant syndical. Ayant écho de ce qui se passe dehors, il demande au président de faire vite ouvrir cette foutue grille. «Ses sourcils ont commencé à bouger de partout…»

La veille, la direction d’Air France avait annoncé à la presse qu’il y aurait du pugilat entre personnels au sol et pilotes. «Une division que la direction entretient de longue date, y compris en organisant de toutes pièces des manifestations contre les pilotes en 2012.» Mais, ça ne prend plus. «Nous avions dans les jours précédents mené des réunions communes à tous les personnels qui ne témoignaient plus de clivages. Les bleus de travail et les uniformes des pilotes, ensemble, ça a même créé le buzz à Roissy.» Si pugilat il y eut, ce fut le fruit d’une suite de bavures (?).

Passant par le parking, une centaine de salariés pénètrent sur le parvis. Quelques-uns secouent la grille. Elle saute rapidement et tous les salariés des cortèges arrivent sur le parvis. «D’habitude, ils ferment les portes du siège, et même si elles finissent par céder, cela laisse le temps d’évacuer les dirigeants.» Là, les salariés pénètrent sans encombre dans la salle. D’abord timidement. Au fur et à mesure. Un syndicaliste (autre que CGT) désigne alors du doigt les membres de la direction. «Nous, nous nous étions mis devant les dirigeants pour éventuellement protéger leur intégrité physique, au cas où…» «Je leur indique de partir discrètement.» L’un d’eux dit qu’il souhaite rester. Deux autres paniquent, se saisissent de leur veste de costume pour partir. Un «costard-cravate» qui prend ostensiblement ses affaires pour fuir, cela échauffe un peu plus les esprits. Mais la porte dérobée que les deux cadres dirigeants souhaitent emprunter est fermée ! «Le président Gagey était lui déjà parti par cette issue.» Les syndicalistes ne manquent pas de s’interroger sur cette issue soudainement condamnée. «De là, des salariés intiment aux deux cadres de ne pas partir et commencent à les retenir par les vêtements.» Des craquements de textile se font entendre. La suite, ce sont les deux hommes aux vestes et chemises arrachées que chacun a pu voir sauter la grille. «Nous étions compressés les uns contre les autres. Nous avons voulu nous interposer, nous étions collés aux dirigeants. Mais, sans micro, on ne parvenait pas à se faire entendre. Il y avait tellement de monde, ça poussait dans tous les sens… Les salariés que nous parvenons à repousser sont immédiatement remplacés par d’autres.» Les vidéos témoignent de l’état d’extrême pagaille qui règne dans la salle durant quinze à vingt minutes. Finalement, les dirigeants parviennent à sortir de la salle. Mais les services de sécurité placent le DGRH qui, à ce moment, porte toujours sa veste et sa chemise dans une pièce contiguë au lieu de l’évacuer de suite. Une pièce où la sortie de secours est fermée ! Il lui faut donc passer par le parvis et c’est là que «les gens excédés par tout» arrachent les vêtements par petits bouts. «Personne ne pouvait prévoir que l’exaspération et le désespoir face aux plans de la direction en viennent à tout cela.» «On savait, depuis 2012, avec les efforts contraints, l’exaspération des salariés était forte, mais pas au point d’envisager ce qui est arrivé ce jour-là. Même, nous, à la CGT, nous ne l’avions pas mesuré. La direction leur avait alors promis d’être dans le top 3 des compagnies mondiales en 2015, au niveau d’Emirates…»

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C’est, d’après les images vidéo, que six salariés sont interpellés une semaine après et placés en garde à vue. Ils comparaîtront le 2 décembre au tribunal de Bobigny. Un délai record, quand on sait que ce tribunal est submergé et bénéficie de peu de moyens. En tout et pour tout, ce sont aujourd’hui 17 salariés qui écopent de poursuites judiciaires, de mises à pied sans salaire et de licenciements. La CGT est hypermajoritaire parmi les salariés dépistés comme étant responsables des violences. Certains n’ont fait que chanter et danser… Et surtout, des dizaines d’autres ne sont pas inquiétés. Impossible de ne pas remarquer que la CGT est bel et bien dans le collimateur.

Rassembler devant l’assemblée nationale ce jeudi 22 octobre à 13H à l’appel de l’intersyndicale des salariés d’Air France, une délégation de salariés a rencontré Catherine Lemortin, présidente PS de la commission des Affaires sociales en l’absence du président de l’Assemblée. Les députés du Front de Gauche ont apporté leur solidarité et leur soutien. Des salariés de toute la France et de l’étranger ont fait le déplacement ainsi que des artistes comme HK et les Saltimbanks ou L’Homme Parle. Une caisse de solidarité est mise en place pour assurer un revenu aux 17 salariés victimes de mise à pied conservatoire et afin de couvrir les frais du procès qui aura lieu le 2 décembre au tribunal de Bobigny. Dans de nombreuses villes et des aéroports de France, des rassemblements auront également lieu, comme à Rouen, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Chartres…

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