La future ligne T4: sera t elle attractive pour capter 20.000 usages quotidien?

Du 2 au 29 avril, s’ouvre un cycle de réunions publiques, de rencontres et d’expositions sur le détail technique du tracé validé en conseil communautaire. Cette nouvelle ligne d’un bus à guidage optique, de type TEOR, reliera le Zénith à Boulingrin par l’ouest soit 8,5 km. Sur la base d’une commande politique et un cadrage budgétaire austéritaire, les techniciens présentent leurs travaux soumis à concertation publique. (la photo représente le tramway sur rail à Petit-Quevilly, dit métro). Rappelons que les élus communistes ont défendu un axe Nord Sud direct en site propre contenu dans le précédent Plan de Déplacement Urbain. L'articulation du T4 avec le F1, qui desservira la future gare métropolitaine St Sever, est un compromis qu'il convient de soigner avec attention.

En dépassant le coté com soigneusement étudié, il est nécessaire d’examiner si réellement le projet présenté permettra une partie du transfert modal des milliers d'usage "voiture" utilisés pour les déplacement domicile – travail. Rappelons que l’objectif est de capter 18 à 20.000 voyageurs / jour. Et là, on reste sur beaucoup d’interrogations :

• Pourquoi ne prolonge t on pas la ligne à la fois vers Technopole (activités, habitat et université) et le CHU C. Nicole, le site de l’agglomération le plus fréquenté en salariés, étudiants et en visiteurs?
• On découvre que le bus circulera dans le flux des voitures entre le rond point des Bruyères et le Zénith. Pas de site propre ni de couloir de bus dédié sur 1/3 du parcours ?! Pense t on réellement que l’habitant du Roumois abandonnera sa voiture au parking relais du Zénith pour prendre un bus englué dans les embouteillages aux heures de pointes avec un accès problématique au rond point des Bruyères ?
• Précisément ce rond point, la station trône en plein milieu. Le « bord à bord » avec la ligne F1 qui dessert commerces et activités du cœur de ville n’est pas du tout assuré avec une rupture de charge dissuasive pour les personnes à mobilité réduite mais aussi les stéphanais et grand-quevillais qui utilisent F1 pour aller travailler(+ 5 à 8mn). Et rien des lignes transversales 41, 32, 154 très fréquentées. Le projet passe complètement à coté d’un vrai pôle d’échange. 
• Toujours sur le rond point des Bruyères, cœur névralgique des déplacements sur la rive gauche, le flux des voitures sera réaménagé mais le débit reste le même. On ne sent pas de vrais choix à prioriser le transport en commun. Bouchons assurés, franchissement piétons pour accéder à la station bien risqué et fiabilité du T4 incertaine aux heures de pointes.
• A aucun moment, n’est évoqué des mesures d’accompagnement avenue des Canadiens vers rue La Fayette emprunté par le F1 (ex ligne 7), articulé au T4. Ce qui est devenu une piste carrossable, le restera t il ?
• Priorité aux transports en commun ? Avenue du 11 novembre et Jean Rondeaux, cette vraie trouée urbaine nous incitait à penser qu’enfin nous allions bénéficier du site propre en 2 voies ? Que nenni, le projet envisage une seule voie en site propre et un partage de la voirie … avec les voitures !
• Précisément, cette trouée sera en zone 30. Le civisme des automobilistes sera soumis à rude épreuve pour une voirie qui restera un axe secondaire de transit routier nord sud.
• L’intention d’y inclure des pistes cyclables est louable afin de prolonger le réseau existant. On aurait pu imaginer que les cyclistes aient une voie dédiée avenue des Canadiens et puissent partager la voie du T4 comme elle l’est de façon rebelle sur la plate forme TEOR. Et que l’on puisse réexaminer la pertinence du stationnement le long de la totalité de cet axe. Le double sens T4 en site propre pourrait être réalisé.
• Sur ces portions, nous sommes dans un creux urbain. Gageons que le projet accélérera la densification de l'habitat nécessaire. Des réalisations à Petit-Quevilly sont terminées. Des projets sont en cours en particulier autour de la place des Chartreux. Le projet facilitera la commercialisation mais il faut que les constructions sortent de terre, que des services et activités se développent.
• Contrairement au document public présenté, il n’y a pas de connexion avec la branche G. Bracque du métro. Au niveau des stations « avenues de Caen »  et « Jean Jaurès », les distances sont d’au moins 300 m. C’était une faiblesse du tracé proposé. Cela le restera.
• En sera t il de même pour la correspondance avec les branches T1, T2 et T3 au boulevard des Belges ? Dénivelé, distances à parcourir dans un morceau de ville rude et difficile d’accès. Des solutions existent qui méritent d’être étudié avec des choix forts à affirmer du pont G. Le Conquérant au bld des Belges. Il en va de l’équilibre économique de la ligne. Et les voitures auront toujours 4 voies de circulation!  
• Enfin, la gestion des différends flux et contraintes autour de la gare de Rouen rive droite sert de prétexte à une partie de la droite rouennaise à rejeter le projet. Pourtant, ici, un bon compromis a été trouvé. Pour autant, il sera nécessaire d’améliorer le projet de bout en bout pour s’assurer une adhésion la plus large possible de la population.

Nous n’irons pas plus loin dans les remarques, observations et critiques du projet. Parions sur la capacité d’écoute des décideurs et des propositions citoyennes qui ne manqueront pas d’être formulées. Reste que l’impression générale fait ressortir en premier lieu une démarche urbaine intéressante  pour effacer la fracture du « tout voiture » des années 70, 80.  Pour autant, il s’agit avant tout de construire un axe de transports de masse efficace, attractif et performant. Franchement, l’évidence d’une réussite des objectifs chiffrés proposés ne saute pas aux yeux. Peut vraiment mieux faire ! Pour cela, il faudra s’en donner des moyens financiers supplémentaires. Comme le font d'autres métropoles telles Bordeaux, Grenoble, Strasbourg ou Nice.

Alors venez aux réunions publiques citoyennes pour faire entendre votre voix à l’exigence sociale de transports collectifs efficaces, à la réduction des inégalités territoriales d’accès aux services, à l’emploi et à l’urgence environnementale. Regardons le produit plutôt que l’emballage. Faisons que ces concertations ne se transforment pas en Causes toujours, tu m’intéresses, en One Man Show. 

Réunions publiques 

Rouen, le lundi 13 avril à 19h, Halles aux toiles.

 Petit-Quevilly le mercredi 15 avril à 18h, école G. Philippe.