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...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
15 mars 2018

Ferroviaire: les enjeux de service public et de transition écologique sont convergents!

Source: Flickr

Jean-Paul LECOQ, député PCF de la 8e circonscription de la Seine-Maritime, membre de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale- Ancien maire de Gonfreville-l’Orcher écrit une tribune dans Paris-Normandie du jour.

« Depuis des années, cheminots, usagers, élus locaux alertent sur les politiques libérales des gouvernements successifs en défaveur du ferroviaire. Des années qu’ils « camisolent » le rail dans des logiques de rentabilité financière, l’éloignant de ses missions publiques. Des années également que sont portées des propositions alternatives pour que notre pays, précurseur dans ce domaine, puisse de nouveau compter sur un service public ferroviaire performant.

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LE LEURRE DE LA DETTE

Et voilà qu’aujourd’hui, ce gouvernement explique que le problème principal de la SNCF serait le statut des cheminots et qu’en libéralisant le rail tout irait mieux ? Pressé de ne pas en débattre, il veut avancer à très grande vitesse en mettant dans le vent la concertation avec tous ceux qui ont des propositions à formuler.

Fidèle à une mécanique déjà appliquée à l’hôpital, aux Ehpad [Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, N.D.L.R.], aux universités..., les libéraux aux commandes de l’État ont d’abord créé les conditions de la pénurie, des dysfonctionnements, du ras-le-bol, en imposant une austérité privant ces services publics des moyens humains et budgétaires de fonctionner correctement en leur imposant comme modèle celui du privé.

Sauf qu’un hôpital, un Ehpad, une université, une gare, contrairement à une entreprise, ne peut dégager de bénéfices sans s’éloigner de ce qui fonde sa raison d’être : servir toute la population quelle que soit sa condition, son lieu d’habitation... Après avoir causé des problèmes à répétition et culpabilisé l’opinion par la dette, ce gouvernement vient offrir ‘La’solution : transformer la SNCF publique en société anonyme. C’est-à-dire aggraver plutôt que soigner les maux dont souffre le rail en l’amputant, au nom de sa rentabilité et de sa dette, de kilomètres de réseaux utiles, au profit du transport par camions et par cars.

Cette question de la dette mérite d’ailleurs clarification. Elle n’est en effet que le calcul comptable du déficit du rail, c’est-à-dire de la part restant à la charge de la société entre ce que paye l’usager et le coût réel de son billet. Or le ferroviaire nécessite des investissements lourds et la contribution de l’État pour couvrir le coût du transport. À défaut de quoi, le tarif du billet dissuaderait quiconque de prendre un train !

Par conséquent, justifier la réforme par la dette de la SNCF est un leurre. Il ne viendrait à l’idée de personne d’appliquer cette logique à la sécurité par exemple en calculant la dette des services de la police, de l’armée ou des pompiers ? Si l’on s’écarte de cette fable, la SNCF ne se porte pas mal, en 2017 elle a multiplié son bénéfice net par 2,3 pour atteindre 1,33 milliard d’euros.

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ARRÊT DES RÉDUCTIONS

Il faut arrêter de prendre les Français pour des imbéciles. La résolution des difficultés passe par l’arrêt des réductions d’emplois et de l’offre ferroviaire, pour rétablir un véritable réseau irriguant tout le territoire et permettant à tous ceux qui le souhaitent d’utiliser un train plutôt que leur voiture.

Comment ? En considérant qu’un train ne se calcule pas en coût ou en dette mais en investissement pour la Nation. Le ferroviaire étant une réponse d’avenir pour l’environnement et la qualité de vie, un kilomètre de rail ne s’estime qu’en apport pour la société d’aujourd’hui et de demain.

Le choix d’un ferroviaire performant passe par le retour à une entreprise publique unique pour mettre fin aux gâchis de la réforme de 2014 qui a éclaté la SNCF. Par l’entretien des infrastructures et des trains, par l’adaptation des emplois aux besoins. Par une politique misant sur le fret pour désengorger nos routes et diminuer l’empreinte carbone. Seulement 4,5 % du trafic du port du Havre transite aujourd’hui par le rail contre 10 à 30 % dans les ports concurrents.

Avec 90 % des marchandises voyageant sur le bitume de nos routes, notre pays est le seul d’Europe occidentale où le fret s’est effondré en dix ans, malgré le Grenelle de l’Environnement, la Cop 21... Or, justement, le fret ferroviaire a été libéralisé ! De même, la SNCF continue à recourir à des locomotives diesel entraînant pollutions et nuisances pour les riverains plutôt que d’investir dans du matériel adapté.

PAS UNE FATALITÉ

Dans ces conditions, les orientations prises par le gouvernement sont un non-sens historique, sociétal et écologique. Elles n’ont rien de moderne. Libéraliser le rail plutôt que de le libérer de ses contraintes de gestion à l’origine de sa congestion constitue une vieille recette de l’ère Thatcher. On connaît le résultat : vingt-cinq ans après, 60 % des Britanniques veulent la renationalisation des concessions, la privatisation ayant entraîné catastrophes et hausse par six des tarifs.

Cette voie du repli ferroviaire n’est pas une fatalité, la preuve avec l’Allemagne qui vient d’investir 28 milliards sur cinq ans pour ses infrastructures, quand notre gouvernement propose de réduire encore plus les coûts. S’il voulait vraiment résoudre les problèmes, il consulterait cheminots et usagers, élus et décideurs économiques qui, au Havre comme ailleurs, attendent de pouvoir prendre le train autant qu’ils ont besoin. Or, les syndicats sont désormais simplement appelés à réagir à un rapport, simulacre d’une concertation qui débouchera fatalement sur des mobilisations.

ENJEUX CONVERGENTS

Car les enjeux de la transition écologique et ceux du service public convergent pour imposer un renforcement et non un démantèlement du ferroviaire et ainsi répondre à la seule question importante qui vaille : dans quelle société voulons nous vivre ? Une société où les droits de chacun, de se déplacer, de se soigner, d’accéder aux études, ne reposeraient que sur l’épaisseur de leur compte en banque ou portefeuille d’actions ? Ou une société basée sur une juste répartition des richesses dans un pays figurant dans le top 10 des puissances économiques mondiales, pour que chacun puisse bénéficier et accéder aux services collectifs fondamentaux, du premier âge jusqu’à la fin de vie ? La réponse à cette question nous appartient. À nous de la mettre ensemble sur les bons rails ».

 

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