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...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
1 septembre 2015

Discours de Sébastien Jumel lors du 71ème anniversaire de la libération de Rouen

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Chers amis, Chers camarades, permettez-moi de vous remercier pour votre présence nombreuse à cette commémoration. Elle s'inscrit dans les nombreuses cérémonies organisées dans notre région, cet été, pour célébrer la libération, une à une, des villes normandes. Après Bayeux, le 7 juin, Cherbourg, le 1er juillet, Caen, le 19 juillet, Alençon, le 12 août, Rouen est libéré le 30 août 1944. Dieppe, est libérée le 1er septembre par les Canadiens, deux ans après la terrible opération Jubilée, raid tragique sur nos côtes, qui s’est soldé par un lourd tribut, 907 soldats tués et 1 946 prisonniers. Parmi les victimes, les soldats canadiens sont en nombre. Le 12 septembre, c’est au tour du Havre, aux termes de bombardements meurtriers et destructeurs, qui firent table rase de la ville…

Après 4 longues années, grâce à la détermination et à l'effort conjugué des forces alliées et de la Résistance, la France sortait enfin de l’occupation et de la barbarie nazie. Depuis, à l'occasion de l'anniversaire de la Libération de Rouen, nous tenons à rendre hommage, ici, devant la stèle érigée en leur mémoire, aux 210 militantes et militants communistes de notre département engagés dans la Résistance jusqu’au sacrifice de leur vie. Une stèle profanée sans aucune réaction du Préfet.

En rendant hommage à ces femmes et à ces hommes, c’est à toutes celles et tous ceux qui ont lutté contre le fascisme en France et en Europe, avec pour idéaux, la justice, la liberté, la démocratie que nous rendons hommage.

À celles et ceux qui, scrutant à l’extérieur de nos frontières l’espoir d’initiatives alliées, avaient acquis la conviction que le salut dépendrait aussi de leur combat. À celles et ceux qui multiplièrent de brillants faits d’armes comme les actes plus quotidiens, pour refuser tout répit, tant militaire qu'idéologique, à l’ennemi. Je dis bien toutes celles et tous ceux qui sont entrés en résistance.

Le 27 mai dernier, à l'occasion de la journée nationale de la Résistance, instaurée l'an passé, le président de la République a procédé au transfert au Panthéon des cendres de 4 grandes figures de la Résistance : Geneviève Anthonioz-De Gaulle, Germaine Tillon, Jean Zay et Pierre Brossolette. Chacune, chacun d'entre eux, par son engagement résistant, par leur fin tragique pour les 2 derniers, par leur action exemplaire dans les décennies qui suivirent pour les 2 premières, mérite cet hommage et nous nous inclinons avec respect devant leur mémoire. Nous nous réjouissons aussi de voir l'entrée de 2 femmes venir corriger l'inégalité que les Révolutionnaires, prisonniers des cadres de pensée de leur époque, inscrivirent au fronton du panthéon : "aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Nous saluons cette pantheonisation collective qui permet de faire place à 4 grandes familles de la Résistance : gaulliste, socialiste, radicale, chrétienne.

Mais pourquoi donc avoir amputé le pluralisme de la Résistance du courant communiste ? Avec nous, beaucoup se sont interrogés sur la signification du choix présidentiel alors même que les communistes, par l'organisation des FTP, de la MOI, par leur participation au Conseil National de la Résistance, en furent une composante essentielle. Le choix aurait pourtant été facile parmi Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Missak Manouchian et tant d’autres… Nos 210 camarades, de ce que l'on appelait alors la Seine Inférieure, les plus de 30 000 communistes français fusillés, exécutés ou morts au combat valurent d'ailleurs que notre parti demeure dans la mémoire d'après-guerre "le parti des fusillés". (photo 2, Tiphaine Berthelot, adjointe communiste au maire de Petit-Quevilly et Pierre Jouvin, communiste, président des anciens combattants résistants. Ce samedi 29 aout, une centaine de personnalité, anciens combattants et résistants, corps constitués, ont rendu hommage devant la stèle proche de la grotte de Caumont. Pierre par la voix de Morgane a témoigné  de ces jeunes ouvriers quevillais du maquis de Barneville qui ont sacrifié leur vie pour la liberté.) 

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Et je veux dire solennellement ici qu'il est impossible d’évoquer la Résistance en omettant le rôle des communistes. Ce n’est pas seulement une grave injustice. C’est une falsification de l’histoire nationale. Elle heurte bien au-delà de ceux qui partagent nos idéaux.

Beaucoup ont été aussi choqués par l'amalgame plus que douteux osant comparer le discours de Mme Le Pen avec un tract du parti communiste des années 1970. Dans les forces politiques en présence, n’oublions pas qu’elles ont chacune une filiation historique, un héritage – pour avoir besoin de se dédiaboliser, il faut avoir pactisé naguère avec le diable.

Le PCF, lui, a combattu la venue du fascisme en Italie, puis en Allemagne, sa poussée en Espagne. Il a été à l’initiative de la création du Front populaire en France dès 1934-1935 pour faire barrage au fascisme au lendemain des émeutes factieuses du 6 février 1934. Il a dénoncé et combattu vigoureusement la politique de non-intervention en Espagne et l’odieuse capitulation de Munich. Il combat aujourd'hui quotidiennement le racisme, la xénophobie, la haine de l'autre. Et ses militants, vous toutes et tous qui êtes présents ce soir et bien d'autres, œuvrent avec abnégation en faveur du progrès social, de progrès démocratiques, d'un nouvel espoir. Celui d'un monde plus juste et plus humain.

Car comme dans les heures les plus sombres que nous nous remémorons ce soir, la situation économique, sociale et même politique fait le lit des partis d'extrême droite et des néonazis. Ils prospèrent sur des ravages économiques et sociaux d'une crise qui n'en finit plus de s’aggraver, d’un capitalisme dont la loi du marché s’insinue dans toutes les dimensions de notre vie. Ils se développent à mesure que les politiques d'austérité cassent les éléments de protection des peuples, qu'il s'agisse de la protection sociale, des services publics ou du code du travail, en France. Ils gagnent en influence en même temps que la désespérance et le sentiment que l'avenir ne sera plus jamais synonyme de progrès.

Et ils se trouvent une nouvelle virginité chaque fois qu'une partie de la gauche mène une politique similaire à celle de la droite, légitimant l'idée du « tous les mêmes » voire du « tous pourris ».

L'une des grandes leçons que nous tirons de la Résistance, c'est celui d'un engagement qui, d'un même mouvement et dans sa diversité, a combattu pour la libération de la France et pour de grandes conquêtes sociales. Au cœur de l’adversité, un programme que l’on jugerait aujourd’hui irréaliste, a vu la lumière. Il est imaginé, rêvé, forgé par la Résistance, par cette armée des ombres qui jamais ne renoncèrent à leur idéal de liberté. Il deviendra le programme d’action du Conseil national de la Résistance avec un titre simple et ô combien évocateur : Les jours heureux!

Ce programme ouvre droit à la Sécurité sociale pour tous, y compris la retraite, le droit de vote des femmes, la nationalisation de secteurs clés de l’économie et de la finance, une nouvelle loi garantissant l’indépendance et la liberté de la presse, la création des comités d’entreprise, l’ordonnance sur les mineurs. Ce programme se concrétise dès janvier 1945 dans la France libérée. Il est le socle d’un développement économique, industriel et social sans précédent, ce qu’on appelle les trente glorieuses, avec un effort de redistribution des richesses et de solidarité.

Dans le même mouvement, le préambule de notre constitution s’enrichit en 1946 d’un texte sans ambiguïtés : « le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme.Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de son choix. Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent. Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises. » (Photos 3 et 4: commémoration à la maison de la CGT de Rouen avec Pascal Morel secrétaire de l'UD CGT76. Sur le monument, une phrase de Paul Eluard: "si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons!"

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Et il n'est peut-être pas inutile non plus de rappeler que les communistes ont prolongé leur engagement dans la Résistance en contribuant à la mise en œuvre concrète de ce programme. On voudrait nous faire admettre aujourd'hui que cette ambition "des jours heureux" serait à ranger dans un passé glorieux mais hors des réalités du monde actuel. Le seul horizon serait désormais la réduction des dettes publiques, comme si notre peuple et les peuples européens avaient vécu au-dessus de leurs moyens. C'est au nom de ce principe que les politiques d'austérité sont mises en œuvre sur tout notre continent et ici même, en France.

La Grèce est, de ce point de vue, un laboratoire. Et le combat du peuple grec, celui de son 1er ministre, Alexis Tsipras pour pouvoir respecter le double mandat que lui a confié la population grecque de rester dans la zone euro et de mettre en œuvre une autre politique que celle qui, jusque-là, détruisait la Grèce, est aussi le nôtre. Il est le combat de tous les peuples européens pour la démocratie, chaque jour un peu plus bafouée.

Les Danois se sont opposés au Traité de Maastricht en 1992. Les Irlandais ont rejeté le traité de Nice en 2001. En 2005, les Français et les Néerlandais ont refusé que s’applique la Constitution européenne, amorçant la nécessité d’autres choix, en Europe. Les gouvernements, dépités, ont annulé tous les autres référendums prévus. Et ont appliqué ce que les peuples avaient refusé.

Mi-juillet, derrière les portes blindées de leurs salles climatisées, en contraignant le premier ministre Grec à choisir entre le chaos pour son pays déjà exsangue ou la poursuite d'une austérité dévastatrice, les mandataires européens de l’oligarchie ont encore plus serré le garrot qui étouffe la démocratie. Aucun chef d’Etat, quelle que soit sa sensibilité politique, ne s’y est opposé, dans la pure tradition du consensus droite/social-démocratie qui préside depuis l’origine à la construction européenne.

Oh, certes, pas de chars dans les rues, aucune troupe qui vous pourchasse. Tout est présenté comme légal à partir de traités européens écrits dans les antichambres de Bruxelles, recopiant des textes faxés de Berlin. Les conditions imposées à la Grèce, avec une violence inouïe, sont jugées inatteignables, par les plus libéraux des économistes. Même ceux qui les ont rédigées n’attendent sans doute pas qu’elles soient mises en œuvre. Leur ambition essentielle est de brûler, avec Alexis Tsipras, toute velléité d'alternative à leur politique. De dissuader les populations de tous les états européens de s’engager dans une autre voie que celle de l’austérité à perte de vue, et d’un autre type de construction européenne.

Avec la Grèce, c’est un exemple qu’ils veulent faire pour que, du nord au sud de l’Europe, les populations courbent l’échine. Pour y parvenir, peu importe de sacrifier la démocratie et les libertés individuelles et collectives. Peu importe de bafouer les principes de solidarité, de souveraineté populaire qui ont présidé à la création de l’Union européenne. Peu importe, de leur substituer, dans les consciences, les venins de la xénophobie, du nationalisme, du racisme et de l’antisémitisme. En ce sens, ils jouent avec le pire et rappellent le slogan : « Plutôt Hitler que le Front populaire ».

 Alors soyons humbles, lucides et déterminés. Gardons-nous de donner des "leçons de changement". Mais apportons toute notre solidarité au peuple grec. Et engageons-nous dans un travail profond et persévérant pour répondre aux lourdes questions qui se posent aux partis et mouvements progressistes de toute l’Europe ! La crise de l’actuelle construction européenne atteint son paroxysme. Et l’idée même de construire un projet commun européen, née de l'après-guerre, est désormais sérieusement atteinte.

Pourtant, de la lutte contre les exigences des puissances financières à celle contre le réchauffement climatique, du sort des migrants à celui des salariés mis en concurrence sur tout notre continent, tout appelle à construire une nouvelle vision, un nouveau projet européen, qui redonne espoir et confiance dans l'avenir.

Oui, une nouvelle page, populaire, démocratique, solidaire et écologique, doit s’écrire avec tous les peuples européens. Des forces comme Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, et même le débat qui traverse aujourd'hui le parti travailliste britannique, ouvrent un nouvel espoir.

En France, la quête d'une société plus juste, plus solidaire, plus humaine est aussi bien vivace. Loin des combines politiciennes, il suffit de se mettre à l’écoute du pays réel, de ceux qui travaillent, qui sont privés d’emploi, qui souffrent des précarités, de l’injustice sociale et fiscale. L'affrontement est rude. Les forces du capitalisme puissantes et influentes. Mais faire honneur à nos camarades, poursuivre et faire vivre l'esprit de Résistance, c'est relever la tête et les défis qui sont face à nous.

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Chers amis, Chers camarades, ce soir, ensemble, nous rendons l'hommage qui leur est dû à nos camarades morts en résistants et à travers eux à toutes celles et ceux qui se sont levés pour vaincre le nazisme et construire un avenir de progrès. Ce soir, ensemble, nous pensons à notre région, la Normandie, au cœur de ces heures glorieuses et douloureuses, tant les traces laissées par la Deuxième Guerre mondiale sont ici nombreuses. Une terre de Résistance, une terre de combats, durs et acharnés sur un territoire déterminant dans la suite et l’issue du conflit. Une terre de lutte. Une terre que je voudrais aussi de paix et d’amitié entre les peuples, de solidarité internationale et entre les communautés de toutes origines qui ont forgé notre identité, dans les creusets que sont nos usines, nos ports, nos villes.

J'ai la conviction que, comme à d'autres époques, les communistes français ici comme partout dans le pays sauront développer les actes politiques audacieux et rassembleurs pour ouvrir une nouvelle espérance, de justice, de progrès social et humain. C’est avec cette énergie combative que nous rendrons le plus bel hommage à ceux dont le nom est gravé sur cette stèle.( photo :1 Sébastien Jumel, maire de Dieppe avec Céline Brulin secrétaire départementale du PCF76)

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