Eglise Ste Bernadette de Grand-Quevilly rasée, un témoignage urbain contemporain disparaît à jamais

L'irréparable a eu lieu dans la froideur hivernale. Il ne reste qu'un amas de gravas, attendant un tri sélectif. Les briques rondes qui faisait l'originalité de la structure de la voute colorent d'un rouge sang le gris du béton. Malgré l'alerte lancé dans ce blog, malgré une pétition publique rassemblant plus de 400 cris, malgré les audiences et courriers pour explorer la réhabilitation dans un autre usage du bâtiment, malgré des articles de presse, la pelleteuse du Diocèse a fait son oeuvre. Il se dit que le prix du rachat par Quevilly Habitat afin d'y construire des logements sociaux ne suffira pas à couvrir les frais de réparation de l'église Ste Lucie qui prend l'eau. Vite, nous invitons les autorités de la ville et de la DRAC à engager une mesure de protection afin que ce bâtiment très original aussi, genre "soucoupe volante" ne connaisse le même sort dans 20 ans.

Quels enseignements tirés de la disparition d'un témoin architectural contemporain et unique? On nous rabâche à longueur d'ondes qu'il faut réduire la dépense publique. Sans s'interroger que c'est un problème de recette (évasion et fraude fiscale, récession de l'économie...) Le budget de l'Etat consacré à la préservation des monuments baisse dramatiquement. Les collectivités, municipalités en l'occurence sont étranglées par la diminution apocalyptique des dotations. Vont se multiplier dans les années à venir les reports de travaux dégradant encore plus le patrimoine,  les réserves à classer de nouveaux bâtiments... La situation du patrimoine de la Grèce et de l'Italie doit nous réveiller. Déjà, nous voyons des mobilisations citoyennes suscitées par leurs élus, afin de mobiliser de l'argent privé pour réparer les église de Moulineaux et La Bouille, qui, elles, font partie du patrimoine public. L'austérité doit être combattue. Un budget de la culture en forte baisse, c'est le déshonneur de ce gouvernement qui se réclame de la gauche. 

Quid des investisseurs privés et publics qui hésiteront à oser des gestes architecturaux et à utiliser des matériaux innovant, représentant un coût supplémentaire à l'investissement et en fonctionnement. En privilégiant, par égocentrisme politique les coeurs de ville. Et renvoyant nos banlieues à des formes cubiques et uniformes. L'exemple du musée Gugenheim de Bilbao souvent utilisé par le président de la CREA en oublie la banlieue de cette ville. Et pour cause, les touristes ne s'y aventurent pas. Comme ils ne s'aventurent pas à Grand-Quevilly. Rien à voir! Et pourtant nos habitants ont droit à une touche de lumière et de contemplation dans leur quotidien, comme nous l'avons fait avec la chapelle St-Julien ou la 1ère phase de la réhabilitons d'éléments (jardin du cloître) de la Chartreuse à Petit-Quevilly, les salles Astrolable, le Quadrant ou bien encore la préservation de la dernière cheminée à Bitumastic.

C'est un choix politique qui doit être inscrit dans le marbre des PLU, bientôt le PLUI. Et puis rappelons l'adresse du CAUE (Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement),  rue Jean Macé à Petit-Quevilly. Cette association émane du CG76 dont le président est par ailleurs élu à Grand-Quevilly. La consultation en conseil et expertise aurait peut-être pu empêcher l'irréparable. Et espérant que les lanceurs d'alerte auront été utile pour le devenir d'autres patrimoines contemporains. André Delestre