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...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
28 décembre 2015

L'année des bouleversements par Patrick Le Hyaric, directeur du journal l'Humanité

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Enserrée entre deux séries d’attentats sanglants, l’année 2015 aura été une année noire. Comme une année de bascule vers quelque chose d’autre dans l’histoire où domineraient la peur, l’incertitude et l’instabilité. (photo de la vitrine des galeries La Fayette à Paris: qu'on fiche la paix aux étoiles et aux terriens!)

Dès les premiers jours de janvier, le fanatisme ciblait et assassinait en plein Paris des juifs, nos confrères journalistes et amis de Charlie Hebdo, des policiers, en usant du prétexte religieux. Et au milieu de novembre, quand la douceur du soleil berçait la fin de semaine, le surlendemain où la France commémorait la fin de la première guerre mondiale, transformée en banale hommage national aux soldats morts en opération extérieure, la même barbarie décimait une jeunesse belle et souriante, celle qui se rencontre à la terrasse d’un café, qui veut se cultiver, danser au concert ou partager une fête au stade. Ce dernier tragique événement a encore plus profondément meurtri le pays que le premier, chacune, chacun devenant une cible potentielle de ces abjects et lâches assassins. Dès lors, nombreuses et nouvelles sont les questions soulevées. Comment éradiquer la menace terroriste ? Comment assurer la sécurité d’un peuple tout en préservant ses libertés ? Quel terreau conduit des personnes nées en France à retourner leurs armes contre elle ? Ces tragiques événements ont aussi de telles ramifications géopolitiques qu’on ne peut pas les penser simplement ici et entre nous. Cela pose forcément la question du rôle de la France dans tous les théâtres de guerre qui se multiplient dangereusement, là où de sinistres forces se nourrissent de la décomposition de régions dévastées par vingt- cinq années de guerres impérialistes. Ajouté à d’autres enjeux comme ceux notamment du réchauffement climatique, de la santé, du travail ou de la sécurité alimentaire, tout concourt à placer le monde dans un écosystème d’insécurité permanente. Autant d’éléments qui influent les manières de penser la vie, l’avenir et de … voter.

Que la préparation et la tenue de la conférence sur le climat ait permis une positive conscience planétaire sur un enjeu vital pour l’avenir de l’humanité, souligne que tout n’est pas fatalement voué au pire. Avoir réussi à réunir tant de pays et obtenu cet accord – même très insuffisant et si peu contraignant – aura marqué une étape importante dans la mobilisation pour préserver notre humanité commune. Il arrive souvent que de grands moments qualifiés « d’historiques » bouleversent les consciences. On a cette fois l’impression que ce sont les modalités de la vie, de l’existence qui sont affectées.

Notre pays et l’Europe se retrouvent désormais au cœur des désordres mondiaux et subissent de plein fouet les conséquences du chaos général et international. La crise des migrants et des réfugiés, écho direct des guerres en Syrie ou en Irak, rappelle aux occidentaux qu‘ils ne peuvent s’extraire des malheurs du monde qu’ils ont pour une large part contribué à créer. Pourquoi n’y a-t-il aucune introspection sur ces responsabilités écrasantes ? Pourquoi les dirigeants de cette époque ne sont-ils pas amenés à rendre des comptes ? Au-delà, alors qu’il règne aujourd’hui sur tout le globe, l’ordre capitaliste et occidentaliste imposé au monde doit être interrogé avec son recours permanent à la force contre les faibles, la liquidation méthodique depuis plus d’un demi-siècle des forces progressistes et syndicales, les limitations de souveraineté populaire, les traités de libre-échanges... Autant d’orientations et de décisions qui ne visent qu’à limiter, voire à détruire les libertés et la souveraineté des peuples pour que la planète devienne le terrain de jeu des puissances d’argent et de grandes sociétés multinationales, attisant jour après jour une guerre économique sans fin dans laquelle les fantassins et victimes sont les travailleurs.

L’accélération des évènements mondiaux et leurs conséquences locales provoquent une panique bien compréhensible dans des pays déjà largement fragilisés par la crise économique et sociale, par le chômage galopant encouragé par la politique économique suicidaire des gouvernements, décidant ensemble des délibérations dans les salons feutrés du Conseil européen au profit du seul capital. Ceux qui, comme en Grèce, tentent de s’émanciper du joug bruxellois avec une volonté répétée dans le fracas des urnes, voient se dresser contre eux la garde européenne de l’ordre existant. Son message est clair. Il s’adresse à toutes les gauches de transformation sociale qui cherchent, sous des formes diverses, à redonner un sens aux mots « progrès » et « émancipation ». « N’essayez pas d’enfreindre la loi de l’argent-roi, sinon, comme en Grèce ou à Chypre, nous vous ferons courber l’échine et capituler». Peu importe, pour ces gardiens de coffres forts, si, désespérés et de plus en plus nombreux, des pans entiers de populations se tournent vers des partis d’extrême-droite, passés maîtres dans l’exploitation de l’antisystème alors qu’ils en sont une des béquilles les plus efficaces. Les replis et divisions identitaires que tout ceci charrie auront trouvé dans cette série d’événements un carburant redoutablement efficace. L’extrême droite en progression constante depuis 25 ans de règne néolibéral, atteint de nouvelles cimes électorales. Ce sont désormais des millions d’électeurs qui sont ainsi poussés à la considérer comme un recours possible au sein même des institutions républicaines.

Ceci s’est joué sur une longue période où, dans un même mouvement, l’échec du soviétisme, le développement de la mondialisation capitaliste et une campagne intense visant à mettre à bas le « progressisme à la française » et les forces qui l’ont porté, ont affaibli considérablement la croyance même en la possibilité d’un changement. Le retard pris par ces dernières à en prendre conscience et à engager les métamorphoses nécessaires ont facilité la tâche des forces de la régression absolue. Bref, l’hégémonie idéologique et culturelle a changé de camp.

L’action et les débats pour progresser vers l’égalité et la justice ont été laminés au profit de thèmes réactionnaires de l’identitaire, de l’autoritaire, du sécuritaire, de la guerre de tous contre tous, attisant toutes les divisions de la guerre des civilisations et son cortège de racismes et de haines en tout genre

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On aura pu constater durant cette seule année une sérieuse accélération vers des idées et des projets que jusque-là la gauche dans son ensemble combattait. Cela va des « pactes d’argent » avec les milieux d’affaires baptisés « pacte de responsabilité » aux lois Macron, aux projets de démantèlement du code du travail, au faux semblant du soutien à la Grèce pour mieux faire accepter la « saignée » sociale après avoir renoncé à renégocier le scélérat traité de police budgétaire.( photo prise le dimanche 20 décembre à Sarrebrück en Allemagne: marché de Noel vaste, animé et fréquenté par les familles. Ici, les grands et petits magasins sont fermés. La  macronnerie consumériste n'a pas franchi le Rhin).    

Et durant l’année, on aura pu décrypter un traitement complètement différent, s’appuyant sur leurs différences et leur répétition, des suites des deux séries d’attentats qui ont frappé le pays. La République et ses valeurs avait globalement su, en janvier, prendre le dessus sur le ressentiment xénophobe et la dérive sécuritaire. En novembre, l’état d’urgence légitime fut dévoyé de ses objectifs pour installer dans le pays une spirale de la défiance et le retour de l’arbitraire. La thématique identitaire, à travers la proposition aussi dangereuse qu’inefficace de suppression de la nationalité pour des binationaux nés en France, fut mobilisée pour prétendre lutter contre la menace terroriste.

Cette dérive a entretenu un tout autre climat et le glissement à droite du débat public s’est fortement accentué. Dans ce contexte, on mesure combien est important le refus de la constitutionnalisation de l’Etat d’urgence. En même temps, alors que le projet d’union nationale contre le terrorisme et contre l’extrême droite trouve du soutien dans la population, il sera nécessaire de se lever pour dissiper toute illusion sur sa prétention à lutter contre le chômage. Par quel miracle tous ces responsables politiques qui l’ont précisément fait exploser le réduiraient-ils aujourd’hui ? Ceci ne vise qu’à enfermer nos concitoyens dans un sas sans alternative ! La gauche est aujourd’hui menacée dans son existence même par la frange la plus droitière de la sociale démocratie qui rêve d’une recomposition politique avec l’extrême droite comme maître de cérémonie. Nous ne pouvons laisser faire !

Face à cette situation, la responsabilité de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qui se réclament de la gauche est importante. Ils doivent se rencontrer, se parler, travailler à jeter les bases d’un programme simple et crédible. Les forces de la gauche de transformation sociale et écologiques n’ont rien de mieux à faire que de se mettre à l’écoute de ceux de nos concitoyens qui n’ont pas renoncé, des militants de cette gauche populaire, et d’en tirer des conclusions. Ils devraient notamment se mettre au service de la bataille idéologique, pour redonner crédibilité et consistance aux valeurs républicaines, pour convaincre de l’impossibilité de nos sociétés à perdurer sur des schémas inégalitaires, pour aider le monde du travail et les classes populaires à retrouver dignité, courage et audace pour combattre dans l’unité les logiques brutales du capital financiarisé et préserver notre planète des guerres et des bouleversements environnementaux.

Sans jouer le rôle des partis politiques, par ailleurs en recherche de crédibilité, nos journaux vont y prendre leur part. Nous considérons en effet qu’il est de notre responsabilité, à partir de ce que nous sommes, d’aider à l’information sur les travaux en cours dans le spectre de la pensée, à l’échange d’idées, à la réflexion et au débat de telle sorte que chacune et chacun puisse y trouver matière à y prendre part et à s’enrichir lui-même.

C’est en ce sens qu’à partir du 9 janvier, l’Humanité va inviter des penseurs, des intellectuels, des syndicalistes, des chercheurs progressistes à exposer leurs idées et opinions et à discuter avec vous. Ce jour- là au Musée de l’Histoire de l’immigration à Paris se tiendra un premier cycle de conférences autour des moyens de revivifier les idéaux de la République. Bien d’autres suivront comme sur la géopolitique mondiale, la laïcité, le numérique, les enseignements du Front populaire, les bouleversements climatiques ou l’environnement….

Bonne fêtes de fin d’année à toutes et tous.

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