Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
6 septembre 2016

Le maquis de Barneville, il y a 73 ans. Pierre Jouvin , président de l'ANACR nous rappelle:

IMG_4572

Aujourd'hui, 73ème anniversaire d'un drame qui s'est déroulé en ce lieu et qui a endeuillé la Résistance de notre région, nous sommes réunis pour rendre hommage à quinze maquisards du maquis de Barneville. Parmi eux, deux sont morts au combat : leur chef Albert Lacour, venu de Grand-Quevilly, et Rudolf Pfandlbauer, jeune Allemand anti-nazi, mort en héros avec ses camarades français du maquis de Barneville. (Photo 1 : Pierre est ce jeune homme de 90 ans qui a combattu et dont son père, Louis, a été déporté à AUCHWITZ, Dachau puis à la libération est devenu maire de Grand-Quevilly jusqu'en 1947)

Grâce aux recherches historiques entreprises cette année aux Archives Départementales et en Allemagne par M. Michel Croguennec, nous savons désormais que Rudolf Pfandlbauer a été enterré au cimetière allemand de Champigny Saint-André, près d'Evreux. Au milieu de 19831 Allemands morts pour l'Allemagne, il est sans doute le seul Allemand qui sera déclaré Mort pour la France….

Outre Albert Lacour et Rudolf Pfandlbauer, sept autres maquisards de Barneville vont mourir sous les balles de l'occupant, fusillés au stand de tir de Grand-Quevilly.  Deux autres mourront à Buchenwald, camp de concentration nazi connu pour les atrocités qui y furent commises. Seuls trois rescapés du maquis ont réussi à revenir de ce camp, très affaiblis par les souffrances endurées. Christian Sénard, capturé avec ses camarades, réussit à s'évader de la prison de Bonne Nouvelle avec Albert Leroy, responsable FTP de Normandie, et reprit le combat dans la région de Vernon.

La perte du maquis de Barneville fut un coup très dur pour la Résistance Normande ; elle plongea dans le deuil et la tristesse des familles entières, certaines mamans désemparées ne s'en remirent jamais. Dans la tristesse également leurs compagnons de route Francs Tireurs et Partisans et les courageuses jeunes femmes qui apportaient leur appui au maquis : Marcelle Delrot, Paulette Lacour, Mireille Guillot, dont le père, déporté, mourut à Auschwitz, Gabrielle Méret, morte à Ravensbrück.

Pourquoi, si longtemps après la disparition de ces jeunes gens et de la plupart de leurs contemporains, est-il encore nécessaire de venir en ces lieux nous incliner devant leur sacrifice ? Pourquoi nous remémorer les raisons qui ont motivé un tel renoncement à la vie ?

Depuis 1940 la jeunesse patriote et républicaine se sentait humiliée :

  • humiliée par l'affreuse défaite que notre pays venait de subir,
  • humiliée par l'arrogance de la soldatesque de la Wehrmacht,
  • humiliée par la conduite déshonorante de certains compatriotes serviles et obséquieux vis à vis de l'occupant,
  • humiliée par l'attitude autoritaire et méprisante des petits chefs sur les chantiers et dans les usines ; petits-chefs qui se donnaient de l'importance, soumis à la volonté de certains patrons despotiques qui ne voyaient plus de freins à leur ambition : les syndicats avaient été dissous, le droit de grève était aboli,
  • humiliée, la jeunesse de voir notre pays pillé de toutes ses richesses alors que la population manquait de tout,
  • humiliée d'être affamée, de voir les rations alimentaires diminuer de jour en jour alors que les officiers allemands se gobergeaient dans les grands restaurants,
  • humiliée de se voir privée des libertés les plus élémentaires, comme le droit d'aller danser,
  • humiliée de voir le gouvernement de Vichy se plier aux ordres des nazis et appliquer les mêmes méthodes dictatoriales,
  • humiliée de voir la police soi-disant française collaborer avec la Gestapo, et participer avec zèle et férocité à la répression contre les communistes, les socialistes, les radicaux, les gaullistes, les patriotes, les protestataires, les juifs, les francs-maçons, les gitans, les homosexuels, les anglophiles, les témoins de Jéhovah, tous ceux qui ne pensaient pas comme eux,
  • humiliée de voir cette police procéder à des arrestations même en pleine nuit, n'hésitant pas à enlever jusqu'à des enfants en bas âge, et à enfermer les malheureuses victimes dans des camps et des prisons, sans jugement, ou à les livrer pieds et poings liés aux SS du IIIè Reich.

Devant tant d'humiliation, il fallait soit se soumettre, soit se rebeller. Les jeunes gens du maquis de Barneville n'étaient pas du genre à plier devant l'autorité d'un régime d'ailleurs usurpé, instauré grâce aux baïonnettes de l'ennemi, un régime vendu à l'Allemagne nazie. Mais la lutte était inégale.

Très vite, la jeunesse patriote et républicaine s'est aperçue que les méthodes employées avant-guerre : grèves, pétitions, manifestations, distributions de tracts, n'étaient plus possibles sans s'exposer à une répression féroce. Il fallait donc s'orienter vers une activité clandestine et illégale. S'inscrire dans le cadre d'une guerre sans merci contre le fascisme et le nazisme. Mais à quel prix ?

Dès 1941 de nombreux résistants avaient payé de leur vie leur engagement. Les nazis n'hésitaient pas à torturer et à fusiller les malheureux tombés dans leurs mains, à arrêter et à fusiller des otages civils pour terroriser la population et rendre les actions des patriotes impopulaires. Dans de telles conditions, il fallait un grand courage, de la détermination et de la clairvoyance pour se lancer dans la lutte contre l'oppression et la barbarie nazies.

En 1943, malgré quelques défaites, le IIIè Reich disposait encore d'une puissante force militaire qui imposait sa dictature à une grande partie de l'Europe. Pourtant, les jeunes gens de Barneville eurent ce courage. Ils répondirent présents, tout en connaissant les risques, et participèrent à la création du maquis dans ce bois de la Fromagerie.

Pourtant, la géographie de notre région avec la proximité des côtes de la Manche, ne favorisait pas la constitution d'un maquis. Le département entier était mis sous haute surveillance, avec pour conséquence une forte densité militaire sur tout le territoire. Mais en même temps, la rive gauche de Rouen fourmillait d'objectifs stratégiques pour l'action du maquis de Barneville : entreprises produisant pour l'Allemagne, gares de triage et réseau ferré reliant le port aux points d'activité, entrepôts stockant le ravitaillement destinés aux troupes cantonnées sur les fortifications de la Manche, lignes à haute tension, etc.

Malgré leur manque d'armement et leur  inexpérience militaire, ces jeunes gens ont réussi des coups spectaculaires, qui ont fait payer cher à l'adversaire sa présence sur notre sol. La violence des nazis contre notre peuple et le pillage de ses richesses avaient maintenant un prix. En quelques mois, le tableau des coups portés à l'ennemi est impressionnant : trains qui déraillent, dépôts incendiés, lignes à haute tension coupées, unités ennemies attaquées à la grenade, le bilan est lourd pour les nazis. La France n'est plus pour eux un lieu de repos entre deux campagnes militaires en Russie ou en Afrique. La guerre est partout, impitoyable et meurtrière. Les appels à la résistance ont été entendus.

Jusqu'à ce jour du 24 août 1943 qui a vu 200 soldats allemands et 100 miliciens de Pétain se lancer à l'assaut de la grotte de la marnière de la Fromagerie, où les maquisards s'étaient réfugiés. Si dramatique que fut la perte du maquis de Barneville, elle ne mit pas fin à la résistance dans les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure. D'autres groupes, d'autres maquis continuèrent, voire amplifièrent le combat.

Avec l'action des troupes de la France Libre, sur tous les fronts, de Bir Hakeim dans le désert de Lybie jusqu'à la prise du Nid d'aigle d'Adolphe Hitler à Berchtesgaden, la France fut présente dans la guerre. Dès lors, après la Libération sous la direction du Général de Gaulle, notre pays put remettre en marche son économie et appliquer le programme de liberté, de démocratie et de progrès social élaboré par le Conseil National de la Résistance.

Sur le plan international notre pays fut reconnu comme une grande nation indépendante et convié à recevoir officiellement la reddition de l'Allemagne nazie à Berlin, en 1945. Il participa à la création de l'ONU à San Francisco, et fut admis membre de plein droit du Conseil de Sécurité. Une grande période de reconstruction dite des « Trente Glorieuses » allait alors commencer, mettant la France à l'avant-garde du progrès économique et social.

mms_img17504876394

Nous le devons en premier lieu aux jeunes gens issus de tous les milieux sociaux, qui avaient mis les intérêts de la Nation au premier rang de leurs préoccupations. Les maquisards du maquis de Barneville étaient de ceux-là. Par leur combat, ils ont écrit une page glorieuse de notre histoire. Nous leur devons témoignage de notre gratitude.

Reconnaissons également le grand mérite de la municipalité de Petit-Quevilly, qui a toujours permis que soit perpétué le souvenir de ces combattants de la liberté, donnant à des rues de la ville les noms de Maurice Mailleau, des frères Séhy, du Maquis de Barneville. C'est grâce enfin à la Ville de petit-Quevilly que cette cérémonie d'hommage aux jeunes de Barneville est organisée en ces lieux chaque année, qu'elle en soit remerciée.

Publicité
Publicité
Commentaires
...En quête d'humanité! Tous ensemble, changeons la vie!... PCF Front de Gauche Petit-Quevilly
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité